Marché aux Vins d'Ampuis 2010

Grand succès public
Immanquable rendrez-vous du Marché aux Vins d'Ampuis ce 25 janvier où 61 vignerons et maisons de négoce présentaient près de 200 vins des appellations Côte-Rôtie, Condrieu, Saint-Joseph, Cornas, Hermitage, Saint-Péray et Croze-Hermitage. Le marché a connu cette année un engouement sans précédent puisqu'il a enregistré une hausse de la fréquentation de 20 % par rapport à l'année dernière, avec près de 15 000 visiteurs sur l'ensemble du week-end. Et vu la mine enjouée (et exténuée) des vignerons le lundi soir, la salon avait été plus que profitable. La crise de 2009 serait-elle terminée, tout au moins dans l'esprit des amateurs de vins ?
D'année en année, on retrouve les mêmes stands aux même places, pour une journée de "déjà-vu". Mais le poids historique de cette manifestation (déjà la 82e édition !), le lieu sans charme (on déguste sous les panneaux de basket d'un gymnase) mais finalement chaleureux et la bonne humeur contagieuse (à quelques exceptions près) des vignerons font que ce marché est un grand moment de convivialité que les inconditionnels des Septentrionaux ne manqueraient pour rien au monde. C'est aussi et surtout la qualité des vins qui fait la rareté de cette grande dégustation. On a ici le meilleur de la rive droite du Rhône (avec un virage à gauche pour les Hermitage) et il faut savoir garder les idées claires pour distinguer le bon du franchement très bon.

Bonnefond, les meilleurs en 2008
Cette année, nous avions deux objectifs : goûter les millésimes 2008 et 2009 tirés sur fûts des cuvées que proposons déjà au Vin Devant Soi, et faire la connaissance de nouveaux producteurs. Sur les vins encore en élevage, le constat est celui que nous pressentions : 2008 sera dans l'ensemble une petite année. Manque de matière, structures inégales et une certaine dilution dans plusieurs cuvées. Ceux qui auront tiré leur épingle du jeu (mention spéciale à Patrick et Christophe Bonnefond qui ont "fait du vin" et au domaine Coursodon pour ses St Joseph frais et fins) feront des heureux : leurs vins seront friands et à boire plus tôt, tout en préservant une belle fraîcheur. "Des vins glouglous", comme dirait Yves Gangloff.
2009, en revanche, sera grandiose. Les échantillons dégustés ont tous montré beaucoup de fruit et de profondeur, certains avec des tanins déjà soyeux. On va se bousculer au portillon...

Jasmin au parfum
Parmi les "nouveaux" domaines, nous avons rentré les Côte Rôtie 2007 du domaine Jasmin. Patrick Jasmin confirme tout son talent année après année, assemblant ses onze parcelles dans une cuvée unique et toujours subtile en arômes de fruits et d'épices. Un vigneron intègre et sans concession qui ne cède pas aux modes des cuvées multiples et reste fidèle aux trois générations qui l'ont précédé.

La tentation Voge
On ne présente plus la production du Domaine Voge et cette année, nous avons cédé à la tentation. Les trois Saint-Peray (Harmonie, Terres Boisées et Fleur de Crussol 2008) sont une corbeille de fruits frais (pomme granny, poire, mangue) à déguster en apéritif comme sur des poissons d'eau douce ou une poêlée de St Jacques. Quant aux Cornas, Les Chailles et le Vieilles Vignes arborent une matière tendre et suave. Leur souplesse détone, aussi, dans une appellation dominée par la puissance. La cuvée Vieilles Fontaines remet les choses au point, véritablement typée Cornas, tout en nerfs et en profondeur.

Le doigté de Éric et Joël Durand
Nous avons aussi particulièrement aimé les vins de Éric et Joël Durand. Des Saint-Joseph sur la finesse, gardant une belle acidité et un joli fruit. Des vins qui vont traverser le temps avec beaucoup de souplesse. Les trois Cornas du domaine, avec chacun leurs spécificités, sont réellement au sommet. La cuvée Les Prémices - peu d'extraction, élevée en barriques pendant un an) est tout en rondeur et gorgée de fruits. Un Cornas de soif aux tanins déjà fondus, c'est une petite révolution. Les cuvées Empreintes et Confidences, plus dans la ligne, gardent souplesse et amplitude, avec une matière dense et structurée. Ces vins de garde, surtout en 2007, sont à avoir absolument en cave.

Coups de cœur et valeurs sûres
Décidément, nous sommes des inconditionnels d'Yves Cuilleron. Cette fois-ci, les blancs de la maison de Chavanay nous ont littéralement "assis" : Les cerfs 2008 en Saint-Peray, pure marsanne, est minéral et gourmand. Quant au Condrieu Les Chaillets 2008, il se livre en douceur et s'épanouit en bouche dans un bouquet de fleurs blanches aux arômes interminables. Immense.
Toujours en Condrieu, Pierre Gaillard obtient la note maximale avec sa cuvée que nous résumons ainsi : minéral, floral, "fruital", pas mal.
Chez Jean-Michel Gérin, les Côte-Rôtie La Landonne et Les Grandes Places sont majestueux et très aromatiques, mais en phase de fermeture. Patience...
Et du petit tour chez Michel Chapoutier, nous retiendrons principalement l'Hermitage Blanc Chante Alouette 2006, tout simplement unique.
Un petit mot quand même concernant Jean-Paul Jamet qui est à l'image de ses vins : tout en retenue. Le sourire en panne, il annonce qu'il n'a déjà plus de millésimes 2007 et 2008 à vendre (ces derniers, encore en élevage, seraient TOUS réservés) et ne "se voit pas dire à ses clients fidèles qu'il leur enlève 12 bouteilles de leur allocation habituelle pour les donner à un caviste d'Avignon." Nous expliquerons cette attitude hautaine et désinvolte de maître Jamet par la présence sur le stand d'Olivier Poussier et d'Antoine Gerbelle, interlocuteurs autrement plus importants que les petits cavistes d'Avignon que nous sommes... Qu'importe, nous avons aimé son Côte Rôtie Fructis Voluptis 2008, un vin encore immature mais avec une texture tout en finesse et un grain inimitable.

Enfin, pour rester sur une note positive et à en juger par le monde qui s'est pressé tout au long du week-end devant leur stand et le nombre de bouteilles vidées, nous citerons Gangloff, Villard, Montez, Stephan, Ogier et Stéphane Robert pour l'ensemble de leur œuvre.

Revivez notre Marché d'Ampuis en vidéo très bientôt sur ce site. A l'année prochaine !

Comments

[Antoine MANTZER]

Merci pour votre article, il est agréable d'avoir déjà un compte-rendu sur ce rendez-vous incontournable que je viens pourtant de...louper.

Mais bon, c'était pour de très bonne raison.

Pour ceux qui désirent continuer la ballade et se remettre Syrah et Viognier en bouche, je me permet de mettre en lien mon article-remember.

http://secretsepicure.blogspot.com/2010/01/si-le-marche-des-vins-dampuis-metait.html

Toutes mes meilleures pensées épicuriennes.